Finalement, ce serait LE bouquin que j'emmènerai si on devait reconstruire une civilisation quelque part
. Blagues à part, un très bon bouquin de sociologie politique, et un des meilleurs que m'ait jamais conseillé Yog-Sothoth, "le libraire maléfique des Ardennes". Chomsky est un linguiste, qui a également beaucoup écrit en sociologie politique. Dans ce livre, il s'attaque au traitement de l'information par les médias.
Pour lire de plus près la thèse de nos deux auteurs, voici une citation issue de l'introduction du livre disponible ici -> http://www.chomsky.fr/livres/20020102.html :
- Citation :
- Des années de recherches consacrées aux médias nous ont convaincus que les médias sont utilisés pour mobiliser un vaste soutien aux intérêts particuliers qui dominent les sphères de l’État et le secteur privé . Leurs choix de mettre en avant un sujet ou d’en occulter d’autres s’expliquent souvent beaucoup mieux dans un tel cadre d’analyse, et dans certains cas avec la force de l’évidence.
Il prend le contrepied de Bernays et Lippmann. Eux considèrent que le peuple est une sorte de masse incapable de prendre des décisions de premier plan, et qu'ils doivent être dirigés par un groupes d'hommes intelligents ; la domination de la foule est nécessaire pour la bonne marche du monde, en somme. Que du bonheur. On doit à Bernays les célèbres flambeaux de la liberté, qui ont étendu le marché des cigarettes Lucky Strike à la gente masculine. Bref, du gratin en matière de manipulation des foules ! A lire pour les gens un peu trop naïfs la dessus : [i]Propaganda, qui date de 1928 ou quelque chose comme ça... c'est très parlant, vous verrez. Et surtout très d'actualité.
Chomsky et Herman, donc, prennent le contrepied de cette théorie, montrant en quoi un média ne peut être neutre, et en quoi ils sont mis en place pour servir les intérêts des puissants. L'information passe par plusieurs filtres :
-le filtre
économique : n'importe qui ne peut pas monter un journal ou une émission, il faut de l'argent pour cela, donc être issu d'une certaine classe sociale ou dépendre de mécènes et/ou d'actionnaires, qu'il ne faut pas froisser dans ses articles...
-le filtre de la
publicité : c'est la publicité qui finance en grande partie un média. Même principe, si les agences publicitaires tournent le dos à un média, celui-ci coûtera beaucoup plus cher et ne sera plus compétitif.
-le filtre des
sources d'où sont issues l'information. Un média ne peut pas mettre de reporter à tous les coins de rue, ils sont à des endroits "stratégiques" (bourse, gouvernements, postes de police, mairies...) ; l'information est donc toujours issue des même endroits, ce qui ne garanti pas l'objectivité absolue.
-le filtre des
contre-feux, procès et sanctions diverses, dont sont souvent victimes les médias trop bavards.
-le filtre de l'
"ennemi commun", idéologie qui vise à unir le peuple contre un ennemi (communistes, terroristes), et ainsi justifier les actes les plus atroces des gouvernants.
Je viens de tomber sur un article bien fait, voici le lien : http://www.brunocolombari.fr/La-fabrication-du-consentement
S'ensuit plusieurs cas de figures (des années 60 à 80, donc pour ma part, retour dans les livres d'histoire !), une grille d'analyse très fine et intéressante. A lire absolument, c'est un essai vraiment clair et compréhensible, même pour les blondes. C'est vous dire ! Désolée pour le pavé, ça me passionne, tout ça
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